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Ömer Yağlıdere - EFIAP |
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Nomadic tribes in Anatolia : Kocerler |
NOMADIC TRIBES IN ANATOLIA: KOCERLER
Just like the rough geography of Anatolia’s east and southeast regions, life of people
living there is hard. It’s not hard to understand the reasons of the lines on their faces
given the earth, social life and economics of the region. But the real reason, which is
always ignored, is the feudalistic society that still exists there. Politicians made easier
ways of getting votes from the region, by hand shaking with land owners or
community leaders, instead of emhpasizing on fundemantal needs such as education
and employment.
I worked in Tatvan as a doctor for three and a half years, many years ago. Recently, I
spent one and a half year working in Siirt as an MD. Five years is a long time in a life
spanning only to fifty years, a time from which I still have friendships after returning
from the region. I was not a photographer while I was in Tatvan, and I couldn’t
understand how time passed in Siirt, while I was photographing. While exercising
these efforts, when I saw Kocer tribes who still live in tents in open land, in a
completely natural environment and earning their lives through micro livestock
activities, the first thing crossing my mind was to document their lives. Through
Abdurrahman Tetik, who was a Kocer and a tribe leader himself and his nephew
Salih, I reached families living near to the Botan river, who are members of the Soran
tribal community.
The first people I met there were Kasım Baykara and Fevzi Aksu. It struck me when I
asked Kasım what I could do for him and he asked for books. Fevzi once said, “we’re
exhausting our lives here on mountains, and I’m sometimes afraid that my children’s
fate will be the same.”
These families, who’ve been previously living on the Çırav plateau in winter and
Herekol mountains in summer, had to migrate to Botanriver and Baskale (Van)
plateaus due to growing terrorism in the region for thirty years. They earn their lives
through livestock and cheese production.
Children in educational ages are sent to relatives in Eruh (Siirt) for winters. The
difficult lives of these people have been worsening due to feudal society, economic
and terror problems; but on the other hand they are happy in their lives. I sometimes
think that these people are like fashionable organic products of our time. When you
see that even your closest friends may be insincere and malevolent, these genuine
friends whose emotions are without hormones and additives just as their lives taught
me one of the greatest experiences of my life. They express their feelings, wonder,
joy, doubts and fears without and reserve or hesitation.
The childeren who fled away when I first started to photograph them, or the girls and
women who did hide their faces because of shame, or the family fathers who
wondered what I was going to do with so many pictures started to say “doctor didn’t
come to take picture today” after a while. Children shared their games, women
shared their songs and men shared their friendship with me.
These photographs, which are the result of this collaboration and represent a section
of their lives, created a common visual language between us even though I do not
undertand the language that they speak. Sharing these pictures with you is a way to
express my gratitude for them.
I also want to add, that enabling education, employment and peace for these people
is the duty of Turkish leaders.
Omer Yaglidere |
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TRIBUS NOMADES EN ANATOLIE: KOCERLER
À l’image des rudes paysages de l’Anatolie de l’est et du sud-est, la vie de ses
habitants est dure. La terre, la vie sociale et l’économie de la région expliquent leurs
visages burinés. Mais on ignore généralement que la véritable cause de ces rides est
en fait le caractère féodal de leur société. Les politiciens ont préféré récolter les votes
en serrant les mains des propriétaires terriens et des autorités locales, au lieu de se
concentrer sur des besoins fondamentaux comme l’instruction et l’emploi.
J’ai travaillé en tant que médecin à Tatvan, il y a bien longtemps. Récemment, j’ai de
nouveau exercé pendant un an et demi à Siirt. Cinq années représentent une
période importante dans une vie de cinquante ans à peine, une période qui m’a
permis d’y conserver des amis après mon retour. Je n’étais pas photographe quand
je vivais à Tatvan, mais j’ai passé beaucoup de temps à photographier quand j’étais à Siirt. Quand j’ai vu les tribus Kocer vivant toujours sous la tente en pleine nature et
assurant leur subsistance avec leurs petits élevages, je n’ai eu qu’une idée:
documenter leur vie. Grâce à Abdurrahman Tetik, lui-même un Kocer et chef de tribu,
et à son neveu Salih, j’ai pu approcher des familles appartenant au clan Soran et
vivant près de la rivière Botan.
Les premières personnes que j’y ai rencontrées furent Kasım Baykara et Fevzi Aksu.
Ce qui m’a frappé, c’est que, quand je leur ai demandé ce que je pourrais bien leur
apporter, ils m’ont répondu “des livres”. Fevzi m’a dit à un moment donné: “nous
nous épuisons ici à vivre dans nos montagnes, et je crains parfois que mes enfants
connaissent le même sort.”
Ces familles, qui vivaient autrefois sur le plateau Çırav en hiver et dans les
montagnes Herekol en été, ont dû migrer vers la rivière Botan et les plateaux
Baskale (Van) à cause du terrorisme qui s’est développé dans ces régions depuis
trente ans. Ils gagnent leur vie grâce à la fabrication de fromages et à l’élevage. Les
enfants en âge d’école sont envoyés dans la famille à Eruh (Siirt) en hiver.
La vie de ces gens a été rendue plus difficile par une société féodale, les problémes économiques et par le terrorisme, mais d’un autre côté, ils paraissent heureux. Ils
m’apparaissent parfois comme ces produits biologiques tellement à la mode. À
l’heure où on voit souvent des amis proches se comporter de manière déloyale ou
malveillante, ces véritables amis, aux émotions “sans hormones ni additifs” à l’image
de leur vie, m’ont permis de vivre une des meilleures expériences de ma vie. Ils
expriment leurs sentiments, étonnements, joies, doutes et peurs sans réserve ni
hésitation.
Les enfants qui s’enfuyaient quand j’ai commencé à les photographier, ou les jeunes
filles et les femmes qui, confuses, cachaient leur visage, ou les pères de famille qui
se demandaient ce que j’allais bien pouvoir faire de toutes ces photographies: ils ont
tous fini par dire “le docteur n’est pas venu prendre des photos aujourd’hui..”. Les
enfants ont partagé avec moi leurs jeux, les femmes leurs chants, les hommes leur
amitié.
Ces photos, qui sont le fruit de cette coopération et qui représentent des tranches de
vie, ont créé un language visuel commun entre nous, bien que je ne comprenne pas
leur langue. Partager ces images avec vous est ma manière de leur exprimer ma
gratitude.
J’aimerais ajouter aussi qu’assurer l’instruction, l’emploi et la paix pour ces gens est
un devoir pour les autorités turques.
Omer Yaglidere |
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